Le cyanotype

Le cyanotype

La technique du cyanotype fut mise au point par l’anglais John Herschel et présentée en 1842. Elle repose, comme nous le verrons, sur la sensibilité des sels de fers à la lumière. La couleur bleue est dominante sur les images obtenues avec ce procédé d’où la racine « cyan » de son nom.

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John Herschel

Chimiste averti, John Herschel s’intéressa à la photographie dès sa découverte. Il démontra l’activité du thiosulfate de sodium sur les sels d’halogénures d’argent. Ce fut le premier fixateur utilisé en photographie. Parallèlement à William Fox Talbot, il inventa un procédé de papier photographique sensibilisé en 1839. Il étudie également la réaction à la lumière de diverses solutions chimiques… elle a par exemple un effet décolorant sur les essences de certaines fleurs.

Il a présenté son invention « le cyanotype » lors d’une conférence à la Royal Society de Londres le 16 juin 1842.

John Herschel était également physicien, philosophe, astronome… pour en savoir plus, je vous propose la lecture de l’article que je lui ai consacré en cliquant sur son nom.

Le procédé

La technique du cyanotype résulte de la sensibilité des sels de fer à la lumière. Cette dernière transforme les sels ferriques en sels ferreux.

Une feuille de papier est préalablement enduite au pinceau d’une solution de ferricyanure de potassium et de citrate de fer ammoniacal. La feuille est ensuite séchée puis placée sous un négatif et exposée à la lumière.

Dans un premier temps, les sels jaunissent et l’image apparait. On lave alors la feuille à l’eau claire puis à nouveau, on la laisse sécher. Le jaune vire à un bleu intense et profond, par oxydation à l’air du fer contenu dans l’image.

Le tirage positif ainsi obtenu devient permanent, d’une grande résistance à la lumière.

Télescope géant
Photographie prise par Herschel en 1839

La pratique du cyanotype

La dominante couleur bleue du cyanotype, peu naturelle, le privera d’un réel succès populaire. Il ne sera jamais utilisé comme un procédé courant.

Pourtant l’image cyanotypique est stable, son utilisation est simple et son coût très faible.

On utilisera plus volontiers ce procédé pour des applications professionnelles : illustrations, archivage, plans d’architecture…

John Herschel s’en servira pour faire des copies de ses dessins, notes et calculs rapidement, par contact direct. Il réalisera également des photogrammes.

Anna Atkins

Anna Atkins, (1799 – 1871) est une illustratrice et botaniste britannique.

Elle est considérée comme une pionnière de l’utilisation d’images photographiques (notamment par cyanotype) pour illustrer des ouvrages imprimés. Elle serait même la première femme à avoir réalisé une photographie (si ce n’est Constance Talbot, épouse de William Fox Talbot).

Anna Atkins n’utilise pas d’appareil de prise de vue pour réaliser ses illustrations. Elle s’inspire de la méthode des dessins photogéniques de Talbot : elle dispose les plantes séchées et pressées sur le papier sensibilisé (après application d’un mélange de ferricyanure de potassium et de citrate d’ammonium ferrique) et expose l’ensemble à la lumière. L’empreinte de la plante apparait en clair sur le fond sombre, à l’endroit où elle a fait écran à la sensibilisation des sels ferreux.

L’image obtenue est un photogramme.

Algue brune Cyanotype d’Anna Atkins

Pteridium aquilinum Cyanotype d’Anna Atkins

Dès 1843 elle utilisera la technique du cyanotype, présentée l’année précédente par Herschel pour illustrer ses ouvrages sur les algues  British Algae : Cyanotype Impressions

En 1853, elle appliquera le même procédé aux fougères et publie Cyanotypes of British and Foreign Ferns.

Henri Le Secq

Henri Le Secq, photographe français (1818 – 1882)  était réputé pour ses prises de vue de monuments historiques. Il a en particulier travaillé avec Violet Le Duc pour photographier la cathédrale d’Amiens avant sa restauration. Il participera à la mission héliographique en 1851 et aura la charge de photographier plus particulièrement les édifices religieux. En 1852 – 1853, il fit les prises de vue des quartiers de Paris voués à la démolition par les projets d’Haussmann.

Le cyanotype : Hôtel de Ville de Paris 1853 par Henri Le Secq

Hôtel de Ville de Paris 1853 par Henri Le Secq

Le cyanotype Nature Morte Henri Le Secq

Nature morte par Henri Le Secq

Le Secq utilisait généralement pour ses travaux  le procédé du collodion humide, en particulier lors de la mission héliographique. Mais il a également pratiqué la technique du cyanotype, pour photographier des monuments gothiques de Paris ou plus tard des natures mortes et des portraits.

Les pictorialistes

Au début du XXème siècle, le mouvement pictorialiste s’intéresse au procédé du cyanotype pour ses qualités esthétiques.

Contrairement aux photographes professionnels, qui s’appliquent à obtenir un rendu minutieux, avec des détails très proches de la réalité, les pictorialistes interprètent la photographie d’une manière artistique, en décalage avec la réalité. Pour obtenir des couleurs proches de la sanguine ou du fusain, ils utilisent des procédés tels que les tirages pigmentaires à la gomme bichromatée. Tout naturellement certains d’entre eux trouveront un intérêt dans les nuances bleutées du cyanotype.

Les membres du groupe américain Secession Paul Bury Haviland, Clarence Houdson White, Alfred Stieglitz, et Alvin Langdon Cobum laisseront un nombre important de cyanotypes.

Le Cyanotype de Paul Haviland

Jeune femme en kimono. Cyanotype de Paul Haviland.

Sur cette photographie réalisée par Paul Bury Haviland, le rendu bleuté, flou, laiteux, donne un aspect romantique au portrait.

Le cyanotype aujourd’hui.

Les facilités d’utilisation du procédé cyanotypique permettent aujourd’hui encore de le pratiquer. Des kits cyanotypiques sont disponibles dans le commerce pour réaliser des photogrammes. Ils contiennent les solutions chimiques, le papier à imprimer, le cadre en verre, et le livret d’instruction. Ce n’est pas vraiment de la photographie mais c’est un loisir créatif qui initie au jeu de la lumière.

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