Le collodion humide

Les découvreurs

Le collodion humide, Gustave Le Gray

Le français Gustave Le Gray fut le premier à remplacer l’albumine par le collodion humide pour fixer l’émulsion sur le verre. Il publia le 1er juin 1850 le «Traité pratique de photographie sur papier et sur verre». Pourtant, n’étant pas convaincu par le tirage sur verre, il négligea son invention, pour se consacrer à des recherches sur des tirages sur papier (moins sensibles mais qui donnaient un rendu plus artistique).

Le collodion humide, Frederick Scott Archer

Finalement c’est l’anglais Frederick Scott Archer qui finalisa cette invention et c’est à lui qu’en est attribué la paternité en 1851.  Ni Le Gray, ni Scott Archer n’ont déposé le brevet et n’en tirèrent pas de profit.

Photo-passions

Suivez nos publications, en vous inscrivant au bulletin d’informations :

Suivez nous sur les réseaux sociaux

Le procédé

Le collodion s’obtient en mélangeant du nitrate de cellulose avec de l’alcool et de l’éther. On étend le mélange sur une plaque de verre. Quand il commence à se figer, on plonge la plaque dans un bain de nitrate d’argent pour la sensibiliser. Les sels contenus dans la pellicule sont ainsi transformés en halogénure d’argent, sensible à la lumière.

Après avoir ressorti et égoutté la plaque, on la transfère dans un châssis étanche à la lumière. Il est à noter que toutes ces opérations se font en chambre noire.

On procède alors à la prise de vue et on développe la plaque immédiatement, en chambre, en lumière rouge (le nitrate d’argent est insensible à la lumière rouge). Le développement se fait avec de l’acide gallique ou du sulfate de fer. On utilise du thiosulfate de sodium ou du cyanure de potassium pour la fixation.

Enfin, on met en contact le négatif-verre avec le papier et on les expose à la lumière. L’image apparait au bout d’un temps variant de quelques minutes à une heure selon la luminosité.

Le format des plaques commence à 6 cm x 8 cm pour atteindre 46 x 63 cm pour les plus grandes.

La place du collodion humide dans l’histoire de la photo

Le collodion humide, photographie de Gustave Le Gray

Gustave Le Gray : Brick au clair de lune (1856)

Les clichés obtenus grâce au procédé du collodion humide étaient d’une grande finesse et faisaient ressortir une plage de gris très étendue. Ce qui a permis à cette pratique de rencontrer une grande popularité en particulier dans les années 1870- 1880.

Son autre avantage est la vitesse de prise de vue : quelques secondes de pose au lieu de plusieurs minutes précédemment.

Par contre, si la vitesse est un avantage à la prise de vue elle est un inconvénient majeur pour les manipulations. La préparation, l’exposition et le développement ne devaient pas dépasser 15 à 30 minutes selon la température et l’hygrométrie ambiante. En effet, une fois sèche, la plaque devenait insensible et une prise de vue déjà faite était impossible à développer. Cette rapidité d’exécution imposait aux photographes de déplacer leur laboratoire près du sujet photographié.

Le collodion humide forme l’image en négatif. Elle est de couleur argent et non noire. En plaçant la plaque développée sur un fond noir, une image positive reflétée par les zones d’argent métallique apparaît il s’agit alors d’un ambrotype.

D’autre part, avec le procédé du collodion humide, la plaque est hypersensible à la couleur bleue. Les cieux apparaissent blancs. Gustave le Gray résolut cet inconvénient pour ses photos de marine. Il prenait deux clichés d’un même sujet, un pour le ciel, un pour le reste de l’image. Ensuite, il assemblait les deux clichés lors du développement.

Le collodion humide dut laisser la place à de nouveaux procédés. Le collodion sec d’une part, à partir de 1870. Le gélatino-bromure d’argent sur plaque sèche, d’autre part, à partir de 1880. Ces procédés amorceront les prémices de la photographie contemporaine.

Le collodion humide aujourd’hui

Le collodion humide, photographie de Jacqueline Roberts

Portrait extrait de la série « Nebula » de Jacqueline Roberts

Aujourd’hui des photographes professionnels et amateurs pratiquent encore la photographie en utilisant le procédé du collodion humide. Ils peuvent ainsi redécouvrir les sensations des pionniers de la photographie.

La complexité de la mise en œuvre du procédé pour obtenir un cliché unique relève d’une véritable démarche artistique. Cette méthode apporte à la photo une intensité unique, un mélange entre ombre et lumière et pour les portraits, elle souligne la profondeur des regards.

C’est le procédé du collodion humide que la photographe Jacqueline Roberts a retenu pour sa série de portraits « Nebula » (exemple ci-contre). Elle a considéré que cette méthode était parfaitement adaptée à ses modèles en transition entre l’enfance et l’adolescence.

Exposition 2017, à Paris

Elsa Silva – 2016 © Ritual Inhabitual

En 2017, le musée de l’Homme de Paris a organisé une exposition sur le peuple Mapuche. (signifie peuple de la terre) Cette communauté vit dans le sud du Chili et a conservé ses traditions ancestrales.

Toutes les photos présentées ont été réalisées par le collectif « Ritual inhabitual » grâce au procédé du collodion humide. Les artistes ont souhaité s’identifier aux premiers voyageurs ethnographiques en Amérique du Sud, à la fin du XIXème siècle. Ces scientifiques faisaient alors appel à la chambre noire pour photographier les populations autochtones..

Voici un texte d’ Agathe Lautréamont de Beaux-arts magazine qui explique son approche lors de sa visite à l’exposition « Mapuche », face aux photos : du scepticisme, curiosité et finalement adhésion :

 » … un certain malaise s’empare de nous au moment de détailler ces portraits : pourquoi ces visages fermés ? Pourquoi ces postures raidies ? Pourquoi certaines mains sont-elles floues là où les traits demeurent parfaitement figés ?

Un rapide coup d’œil aux dernières photographies de très petit format, qui viennent clôturer ce gigantesque collage, éclaire le mystère de ces poses roides. Nous ne sommes pas là face à des images numériques ou argentiques, mais bien devant des clichés réalisés à l’aide d’une technique ancestrale : des négatifs sur verre au collodion humide. »

Rendez-vous

j’ai eu la même réaction que celle d’ Agathe Lautréaumont en visitant l’exposition actuelle des « Rendez- vous du Parc » à Chalon sur Saône, exposition intitulée « Portraits bruts » consacrée à Enzo Lucia. C’est un jeune photographe chalonnais qui s’est spécialisé dans la photographie au collodion humide. Je vous le présenterai dans un prochain article, ainsi que l’exposition « Portraits bruts ».

Dans les cadres suivants, vous pouvez laisser un commentaire, consulter nos publications dans les réseaux sociaux, vous abonner à notre bulletin d’informations. Les boutons carrés, au bas de l’écran sont à votre disposition pour partager cet article dans vos réseaux sociaux.

Published by

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *