Henri Cartier-Bresson
Henri Cartier-Bresson est une référence parmi les grands photographes du XXème siècle. Pionnier de la photographie humaniste, Co-fondateur de l’agence Magnum, H C-B a été un reporter engagé qui a parcouru de nombreux pays.
Photo-passions
Suivez nos publications, en vous inscrivant au bulletin d’informations :
Suivez nous sur les réseaux sociaux
La jeunesse d’Henri Cartier-Bresson
Henri Cartier-Bresson est né à Chanteloup-en-Brie (Seine et Marne), le 22 août 1908.
Il est l’ainé d’une famille de 5 enfants. Fils d’industriel prospère, il reçoit une éducation bourgeoise. Cependant, n’étant pas passionné par les études, il se contentera d’un parcours secondaire au Lycée Fénelon puis au Lycée Condorcet de Paris sans parvenir à décrocher le bac, malgré plusieurs tentatives.
Après s’être intéressé à la littérature (Stendhal, Balzac), Henri se dirigera vers le dessin et la photographie. Ses parents lui offriront son premier appareil photo dès l’âge de 12 ans (un Kodak Brownie). C’est dans un camp scout qu’il fera ses premières prises de vue.
Henri Cartier-Bresson, artiste peintre
A la sortie du Lycée Condorcet, Henri s’oppose à la volonté paternelle : son père souhaite le voir entrer dans l’entreprise familiale. Il préfère se consacrer à la peinture. Ainsi il entre dans le cours d’André Lhote qu’il suivra pendant 18 mois. Il y apprendra les règles de la composition, les proportions, la théorie du nombre d’or… Pourtant, il finira par quitter ce cours qu’il trouve trop théorique.
Pendant cette période, ses rencontres avec les surréalistes : André Breton, Mark Ernst, André Pieyre de Mandiargues influenceront son œuvre.
Henri Cartier-Bresson, photographe
Si Henri Cartier-Bresson se considérait plus comme un peintre, la postérité reconnait en lui un monument de la photographie. Des dizaines d’expositions, des livres et des thèses lui ont été et lui sont encore consacrés. On l’a surnommé «l’œil du siècle», «l’œil absolu» ou le «photographe de l’instant décisif»
C’est lors d’un voyage en Côte d’Ivoire, en 1930, qu’il prendra ses premières photographies de reportage. Pourtant la révélation lui vint à son retour en France en 1931 en découvrant une photo du Hongrois Martin MunKacsi, publiée dans le magazine « Photographies ». Elle représentait trois jeunes africains courant vers le lac Tanganyika.
« La seule chose qui a été une surprise complète pour moi et qui m’a amené à la photo est une image de Munkacsi. Quand j’ai vu la photographie des garçons noirs courant vers la vague, je ne pouvais pas croire qu’une telle image puisse être capturée. J’ai pris mon appareil et je suis sorti (…) Soudain, j’ai compris que la photographie pouvait saisir l’éternité, instantanément »
Henri Cartier-Bresson, lors d’une interview.
Période surréaliste
Après cet épisode, il va errer dans les rues en saisissant des scènes de vie avec son célèbre Leica, objectif 50 mm. Cet appareil, de taille modeste, permettait de prendre des photos discrètement. Ces images pouvaient être banales mais le traitement surréaliste appliqué par Henri Cartier-Bresson en fit de véritables œuvres d’art. Le surréalisme consiste à créer en se libérant du contrôle de la raison, par automatisme, en laissant parler l’inconscient. Henri Cartier-Bresson va photographier instantanément, spontanément. C’est à cette période qu’il prendra une de ses photos les plus célèbres : « Derrière la Gare Saint-Lazare ». On voit un homme enjamber une flaque d’eau. Cartier-Bresson a pris cette photo en glissant son appareil à travers une palissade.
Derrière la Gare Saint-Lazare 1932
Engagement politique et période de la guerre.
Henri Cartier-Bresson s’engage clairement, dès 1936, auprès des communistes en France et à l’étranger (au Mexique, en particulier). En 1937, il épouse Eli, une danseuse javanaise célèbre, dont le nom de scène est Ratna Mohini. Avec elle, il milite pour l’indépendance de l’Indonésie.
Voulant faire abstraction de ses origines bourgeoises, Henri se fera appeler Henri Cartier pendant cette période. Abstraction également du surréalisme pour illustrer les articles du quotidien communiste « Ce soir » avec des photos d’un réalisme dialectique !
Henri Cartier, pendant cette période va s’intéresser au cinéma, qui a un impact plus fort que la photo auprès des militants communistes. Il sera l’assistant de Renoir et participera avec lui au tournage de trois films : « La vie est à nous », « Partie de campagne », et « La règle du jeu ». Il participera en Espagne au tournage de « Victoire de la vie », film documentaire sur les conséquences des bombardements allemands et italiens sur les établissements sanitaires.
Pendant la guerre
Henri Cartier-Bresson est mobilisé dans l’armée française. Fait prisonnier, il réussira à s’évader en 1943, après deux tentatives infructueuses. Il rejoindra alors la résistance à Lyon. À la fin de la guerre, il réalisera des films documentaires sur la libération de Paris, le village martyr d’Oradour-sur-Glane, et « Le Retour » sur le rapatriement des prisonniers et des déportés.
Henri Cartier-Bresson continuera à voter communiste jusqu’en 1956, date de l’écrasement de la révolte hongroise par les troupes soviétiques.
Oradour-sur-Glane
Agence Magnum Photos
1946, les américains sont persuadés qu’Henri Cartier-Bresson n’a pas survécu à la guerre. Ils décident de lui consacrer une exposition posthume « Photographs by Henri Cartier-Bresson » au MoMA de New York. Cartier-Bresson, apprenant la nouvelle se rend aux Etats-Unis pour dire « Coucou, je suis là !» Ravi de savoir qu’une exposition « non posthume » aura quand même lieu, il participe à son organisation, ce qui retardera d’un an sa programmation.
Il retrouve à New York son ami Robert Capa qui lui conseille d’abandonner le surréalisme pour devenir « Photojournaliste ». Dans la foulée, ils fonderont l’agence « Magnum Photos », avec George Rodger, William Vandivert, David Seymour. C’est le magnum de champagne que les fondateurs ont ouvert pour fêter l’évènement qui a inspiré le nom de l’agence. Non, les communistes ne boivent pas que du « gros rouge » , oui, nos amis sont tous communistes!
L’agence sera une coopérative de photographes. Les statuts prévoient que les photographes restent propriétaires de leurs travaux. Ils peuvent gérer leurs négatifs alors qu’auparavant les magazines se les appropriaient. L’agence met en commun ses revenus et redistribue les bénéfices équitablement entre ses membres.
Henri Cartier-Bresson photojournaliste
Une période très riche dans la vie d’Henri Cartier-Bresson commencera avec l’agence Magnum Photos. Il se rendra aux quatre coins du monde. En Inde, il prendra une des dernières photos de Gandhi, la veille de son assassinat. Puis, en Chine, Cartier-Bresson photographiera les derniers moments du parti Kuomintang et les débuts de la République Populaire de Chine. Ensuite, il couvrira l’accès à l’indépendance de l’Indonésie. En 1954, il est le premier photographe admis en URSS. En 1958, il retournera en Chine pour couvrir le dixième anniversaire de la République Populaire. Il aura l’occasion d’apprécier les vertus de la dictature communiste, son travail étant constamment dirigé et surveillé.
La renommée d’Henri Cartier-Bresson est immense. Comme lui, ses photos font le tour du monde !
Nouveau séjour au Mexique en 1963, puis Cuba, le Japon en 1965, l’Inde à nouveau en 1966. Il retourne également en URSS en 1972.
Vive la France
Henri Cartier-Bresson trouvera le temps de sillonner la France pendant un an. Il publiera un ouvrage « Vive la France » en 1970, accompagné d’ une exposition au Grand Palais.
Les éditions Braun lui commanderont une série de portraits de peintres célèbres : Picasso, Braque, Matisse, Bonnard, Rouault. Il réalise également des photos de célébrités pour des magazines ou des éditeurs (Sartre, Giacometti, Irène et Frédéric Joliot-Curie…)
Finalement, après avoir parcouru le monde pendant plusieurs décennies, il quittera l’agence Magnum Photos en 1974 pour se consacrer à son premier amour : le dessin. Dans un premier temps, il gardera des responsabilités au sein de l’agence. Puis il finira par s’en éloigner définitivement, regrettant les choix commerciaux des nouvelles générations, loin des idéaux des précurseurs.
La « Master collection »
Henri Cartier-Bresson a rencontré la photographe Martine Franck en 1966. Ils se sont mariés en 1970 et leur fille Mélanie est née en 1972. Henri aspire maintenant à une vie plus calme et sédentaire. Il se convertit au bouddhisme, adopte une philosophie « zen », pratique la méditation.
Pendant cette période il organise en outre l’archivage de ses photographies (environ 20 000 pièces).
Il va en sélectionner 385 pour constituer « La master Collection », (également nommée le « Grand jeu »). En 1973, il fait développer cette collection en 6 exemplaires par Georges Fèvre des laboratoires Picto. Cartier-Bresson retiendra pour ces photos un format de 30 x 40 cm. Il distribuera les collections dans le monde, dans des institutions : la collection Menil à Houston, la Bibliothèque Nationale de France, le Victoria et Albert Museum, l’Université des Arts à Osaka, la Fondation Henri Cartier-Bresson et la dernière depuis peu, la collection Pinault.
Henri Cartier-Bresson par Martine Franck
La Bibliothèque Nationale de France a demandé en 2021 à 5 commissaires de sélectionner des œuvres dans la « Master Collection » pour organiser l’exposition « Le grand jeu » en 5 volets. Vous pouvez en consulter les détails dans mon article : « Paris expose Henri Cartier-Bresson »
La fondation Henri Cartier-Bresson
Les 20 000 tirages archivés constitueront une base pour la Fondation Henri Cartier-Bresson.
Créée à l’initiative d’Henri C B, de Martine Franck, son épouse et de leur fille Mélanie la fondation a été reconnue d’utilité publique en 2002, avant même son ouverture. Elle montre bien sûr les œuvres photographiques d’Henri Cartier-Bresson et de Martine Franck mais elle présente en outre des photographes anciens ou contemporains ayant une sensibilité proche de celle des fondateurs.
La fondation s’est d’abord installée dans le quartier Montparnasse. Puis elle a migré rue des Archives dans le quartier du Marais.
A noter que la Fondation HC-B accueille au moment où j’écris cet article une exposition consacrée à Eugène Atget, « Voir Paris »
Fin de vie
Henri Cartier-Bresson s’est éteint le 3 août 2004, à Montjustin dans les Alpes de Haute-Provence. C’est ici qu’il est inhumé. Son épouse repose à ses côtés (Martine Franck est décédée en 2012).
Prix, bibliographie
Henri Cartier-Bresson a obtenu de nombreux prix tout au long de sa carrière :
- 1959 : Prix de la Société française de photographie
- 1967 : Prix culturel de la Société allemande de photographie
- 1971 : Prix Nadar, pour Vive la France, éditions Laffont-Sélection
- 1981 : Grand Prix national de la photographie
- 1982 : Prix international de la Fondation Hasselblad
- 1986 : Prix Novecento à Palerme
- 2006 : Prix Nadar, pour Scrapbook, éd. Steidl
Henri Cartier-Bresson a publié de nombreux ouvrages et des auteurs divers, à son sujet. Je vous propose de les découvrir dans mon article : « La bibliographie d’ Henri Cartier-Bresson » qui inaugure notre nouvelle rubrique : Librairie.
Dans les cadres suivants, vous pouvez laisser un commentaire, consulter nos publications dans les réseaux sociaux, vous abonner à notre bulletin d’informations. Les boutons carrés, au bas de l’écran sont à votre disposition pour partager cet article dans vos réseaux sociaux.
De nouveau, j’ai apprécié de redécouvrir la vie d’un grand photographe, un résumé qui éveille la curiosité.