William Klein

William Klein est décédé le 10 septembre dernier à Paris. Il était peintre, graphiste, photographe et cinéaste. À l’instar de Robert Frank, il s’affranchira des canons traditionnels de la photographie pour faire entrer le médium dans l’art contemporain. Il fut l’auteur de nombreux ouvrages, consacrés en particulier aux grandes métropoles : New-York, Paris, Rome, Moscou, Tokyo…

Il est rare de commencer une biographie par l’annonce du décès. Cet évènement passé presque inaperçu m’invite à écrire cet article. Ce mois de septembre a été marqué par le décès de la reine Elisabeth, deux jours avant celui de William Klein. Ils étaient nés à deux jours d’intervalle, en avril 1926.

Prononcez William Klein (klèïn) comme dans Enstein  

William Klein Portrait

Enfance à New-York

William Klein est né le 19 avril 1926 à New York, où il a grandi et étudié. Il est le fils d’immigrés juifs hongrois. La fabrique de vêtements et les finances de son père s’effondreront dans la crise des années 1930.

Vivant dans un quartier populaire, William souffrira de l’antisémitisme ambiant. Il va trouver refuge dans l’art et les sciences humaines. Dès l’âge de 12 ans, le musée d’art moderne de New-York (Moma), deviendra sa deuxième maison. Il fréquente aussi les salles de cinéma, pour voir les films de Fritz Lang et de Sergueï Eisenstein.

William entre au City College de New-York à 14 ans. Il étudie la sociologie et obtient son diplôme en 1944.

William Klein et la France

Engagé dans l’armée américaine, W.Klein servira en France et en Allemagne, comme opérateur radio. Après sa démobilisation, il choisira de revenir en France dès 1948. Il étudie à la Sorbonne l’histoire de l’art. Il va rencontrer le peintre André Lhote et le cubiste Fernand Léger qui va l’influencer pour bousculer les codes de l’art « bourgeois ». Léger pousse ses élèves à sortir des ateliers pour peindre dans la rue. Plus tard Klein fera sortir des studios ses mannequins pour prendre des photos de mode dans la rue, également.

Rencontre avec Jeanne Florin

Dès son arrivée en France, William Klein va rencontrer celle qu’il considère comme « la plus belle femme qu’il ait jamais vu de sa vie ». Jeanne Florin est un mannequin belge. Ils se sont mariés en 1950. Ils auront un fils, Pierre en 1963 et resteront unis jusqu’à la disparition de Jeanne en 2005.

William Klein en Italie

Influencé par Mondrian et le Bauhaus, William Klein réalise des peintures murales abstraites. L’architecte Angelo Manglarotti remarque ses œuvres et l’invite en Italie.

Au début des années 1950, William réalise dans ce pays de nombreuses peintures murales à la demande de Manglarotti et d’autres architectes. Il collabore en même temps avec le magazine d’architecture italien Domus pour des illustrations obtenues à partir de photographies de ses fresques.

En 1951, il expose au théâtre Piccolo de Milan. Puis en 1952 et en 1953, à la galerie Del Milione, toujours à Milan. Ses images sont floues, très contrastées, avec de grands angles. Le grain du film est grossier. Sa rupture avec les canons traditionnels de la photographie l’ont fait surnommer « l’anti-photographe ».

William Klein expérimente également la juxtaposition de la peinture abstraite et de la photographie.

William Klein, Mohamed Ali

Mohamed Ali, juxtaposition de peinture

William Klein et Vogue

Comme nous le voyons, Klein est un artiste multidisciplinaire, il va s’intéresser également à l’art cinétique. Lors d’une de ses expositions à Paris, Alexander Liberman, rédacteur en chef du magazine Vogue apprécie son travail.

C’est en 1954 que Klein retourne aux États-Unis pour rencontrer Liberman  Débutera sa collaboration avec le magazine Vogue. Il sera engagé comme photographe de mode et recevra des financements pour créer un journal photographique ayant pour objet la ville de New-York.

Le traitement anticonformiste des images, le choix des sujets montrant New-York sous un angle peu flatteur lui vaudront l’hostilité des critiques. « Life Is Good and Good for You in New York » est très mal accueilli. Klein rassemblera alors ses images dans un livre « New-York 1954-55 ». Aucun éditeur américain n’acceptera de le publier. C’est à Paris d’abord qu’il sera édité par le Seuil en 1956. Puis il paraitra en Italie la même année.

Klein va collaborer avec le magazine Vogue jusqu’en 1965, comme photographe de mode. Il bousculera également les habitudes de cette discipline. Les mannequins vont sortir des studios et  les attitudes seront différentes. Finies les démarches de danseuses classiques et les mains définitivement fixées sur les hanches.

Vogue photo de mode

William Klein et le cinéma

Le réalisateur Federico Fellini est à son tour séduit par le travail de Klein sur New York. Il va l’engager comme assistant pour le film « Les Nuits de Cabiria« . William profitera de son séjour à Rome pour publier un ouvrage sur cette ville en 1960.

Rome la nuit

Rome la nuit

En 1965, il abandonne la photographie jusqu’aux années 1980 pour se consacrer au cinéma. Il a réalisé plusieurs documentaires:

  • Broadway by light en 1958, qui sera un des premiers films « Pop »,
  • Who are you Polly Maggoo ? en 1966, satire cruelle sur l’univers de la mode,
  • Mr. Freedom en 1969,
  • Eldridge Cleaver.en 1970,
  • Muhammad Ali the greatest en 1974,
  • The Little Richard story en1979,
  • The Messiah en 1999.

Film de William Klein : qui êtes-vous Polly Magoo

En outre, il a produit plusieurs films pour la télévision française dans les années 1960, et plus de 250 publicités (pour, entre autres, Citroën, Dim, Saupiquet, Renault, Ricqlès…).

Dans les années 1980, il a retrouvé son intérêt pour la photographie. Dans cette période, il utilise de grands angles et des gros plans.

Il publiera plusieurs ouvrages :  Close up en 1989, Torino « 90 » en 1990, In & Out of Fashion en 1994, Paris + Klein en 2000.

C’est Klein qui a illustré la pochette de l’album de Serge Gainsbourg, « Love on the beat » en 1984.

Pochette disque love on the beat
Pochette de l’album « Love on the beat »

Reconnaissance

Le travail de William Klein est reconnu internationalement et il a été récompensé par divers prix.

  • Malgré un accueil mitigé pour ses premiers travaux, il obtient le prix Nadar en 1957,
  • Le prix Jean Vigo en 1988,
  • La société allemande de photographie lui décerne le prix de la culture en 1988,
  • Le prix international de la Fondation Hasselblad en 1990,
  • Médaille du centenaire de la Royal Photographic Society en 1999,
  • Le Lucy Award en 2005, pour l’œuvre de toute une vie,
  • En 2005 toujours, il reçoit le prix Photo España
  • L’Université de Liège le nomme Docteur Honoris Causa en 2010,
  • Il est lauréat de l’ Art Masters à Saint Moritz en 2011
  • Prix pour sa contribution remarquable à la photographie aux Sony World Photography Awards

De nombreuses expositions et rétrospectives ont été organisées dans le monde entier pour présenter ses travaux photographiques et cinématographiques. La dernière intitulée  William Klein : « Yes » à l’International Center of Photography de New York, s’est achevée ce 15 septembre, quelques jours après son décès.

Bibliographie

Je consacrerai prochainement un article spécifique à la Bibliographie de William Klein qui étoffera la librairie de Photo-passions. À bientôt donc.

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