Eugène Atget
Eugène Atget est né à Libourne le 12 février 1857, dans une famille d’artisans. Il a été élevé à Bordeaux par ses grands-parents, suite au décès prématuré de ses parents. Après des études secondaires succinctes, il travaille pendant deux ans dans une compagnie maritime, Puis il s’installe à Paris en 1878, où il débute dans un premier temps une carrière théâtrale, sans grand succès. Il n’aura pas plus de réussite par la suite dans le dessin et la peinture.
Cette période lui aura toutefois permis de rencontrer sa compagne : Valentine Delafosse-Compagnon en 1896. lors d’une tournée.
Eugène Atget, photographe
Eugène Atget – Montmartre – Sacré cœur
C’est finalement dans la photographie qu’Eugène Atget fera carrière. Il commença d’abord par la constitution d’une collection documentaire à l’intention des peintres (paysages, arbres, plantes). Puis à partir de 1897, il se lança dans une entreprise de photographies de la ville de Paris. Sa clientèle va évoluer : amateurs d’histoire de Paris, bibliothèques, musées. Ces institutions, à cette époque constituaient des fonds photographiques documentaires. Elles lui achèteront des milliers de clichés.
Eugène Atget, documentaliste de Paris.
Eugène Atget a organisé ses photographies en cinq séries. La première, «Paysages documents» est issue de sa collection documentaire pour les peintres (paysages, arbres et plantes…). La deuxième concerne les environs de Paris. La troisième, la plus célèbre, «Paris Pittoresque» comprend 900 photographies. La quatrième série, «Art dans le Vieux Paris» inventorie des portes, des escaliers, des heurtoirs. La dernière série, intitulée «Topographie du Vieux Paris» est réalisée entre 1906 et 1915. Elle répond à une commande de la Bibliothèque historique de la Ville de Paris. Atget photographiera systématiquement chaque arrondissement pour répondre aux besoins des fichiers topographiques. Atget travaille méthodiquement : il photographie jusqu’à épuisement d’un sujet avant d’en aborder un autre.
Je vous propose ci-dessous un diaporama avec quelques clichés. Le Musée Carnavalet possède un nombre important de ses œuvres. L’exposition « Voir Paris » lui est consacrée à la Fondation Henri Cartier Bresson. Elle vous attend du 3 juin au 19 septembre 2021 (les détails dans notre article : « Eugène Atget : Voir Paris »).
Eugène Atget, photographe méthodique.
Alors que le mouvement photographique de l’époque cherche à imiter la peinture, Atget réalise des clichés nets et détaillés. Il soigne les cadrages l’usage des lignes de fuites et la répartition de la lumière. Il néglige les appareils modernes, légers et rapides préférant utiliser un appareil en bois, avec une chambre à soufflet, exigeant des poses longues. Eugène Atget réalise lui-même ses tirages et les classe dans des albums qu’il présente à ses clients. Jamais en noir et blanc, la teinte de ses photographies oscille du sépia au brun-violacé.
En 1920, Atget cède les négatifs de 2 621 de ses clichés à l’administration des monuments historiques pour la somme de 10 000 francs. Cette institution acquerra deux mille négatifs supplémentaires après la mort du photographe.
Au début des années 1920, Berenice Abbott et Man Ray achètent des œuvres d’ Eugène Atget. D’autres artistes célèbres feront de même (Georges Braque, Maurice Utrillo, Maurice de Vlaminck, André Derain, André Dunoyer de Segonzac…)
Eugène Atget s’est éteint le 4 août 1927, à Paris.
Postérité
Eugène Atget, photographié par Berenice Abbott
Bérénice Abbott publiera plusieurs ouvrages pour faire découvrir la documentation qu’Atget a constituée sur les quartiers anciens de Paris. Elle dira à son sujet :
« On se souviendra de lui comme d’un historien de l’urbanisme, d’un véritable romantique, d’un amoureux de Paris, d’un Balzac de la caméra, dont l’œuvre nous permet de tisser une vaste tapisserie de la civilisation française ».
Bérénice Abbott
C’est grâce à elle que l’œuvre d’Atget sera reconnue aux Etats Unis avant d’être vraiment reconnue en France.
Du 27 mai au 7 juin 1928, le salon indépendant de la photographie, expose des photographies d’Atget aux côtés de celles de Man Ray, Germaine Krull, Paul Outrebridge, André Kertesz. Après cette présentation, l’œuvre d’Atget devient une référence dans les milieux de l’avant-garde photographique.
Une de ses photos sera choisie par Pierre Mac Orlan pour illustrer son article « la photographie et le fantastique social » dans la revue «Les Annales». De même, quand la revue « L’art Vivant » publie une enquête sur le thème « La photographie est-elle un art ? », c’est une photographie d’Atget qui fait la couverture.
Eugène Atget, vu par le philosophe Walter Benjamin
L’œuvre photographique d’Atget a particulièrement intéressé le philosophe Walter Benjamin. Dans son opuscule « L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductivité technique », le travail photographique d’Atget fait figure de précurseur dans l’histoire de cette nouvelle discipline. Il écrit :
« Dès que l’homme est absent de la photographie, pour la première fois, la valeur d’exposition l’emporte décidément sur la valeur culturelle. L’exceptionnelle importance des clichés d’Atget qui a fixé les rues désertes de Paris autour de 1900, tient justement à ce qu’il a situé ce processus en son lieu prédestiné. On a dit à juste titre qu’il avait photographié ces rues comme on photographie le lieu d’un crime. Le lieu du crime est aussi désert. Le cliché qu’on en prend a pour but de relever des indices. Chez Atget, les photographies commencent à devenir des pièces à conviction pour le procès de l’Histoire. C’est en cela que réside leur secrète signification politique…»
Walter Benjamin
Hommages
- Une rue de Paris porte le nom d’Eugène Atget dans le 13éme arrondissement depuis 1978,
- En 2008, un cratère sur Mars a été baptisé Atget en son honneur.
- À Libourne, un collège porte son nom
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