L’ ensemble de murs peints sur les dépôts des TCL (transports en commun lyonnais) introduit ma galerie « Fresques murales à Lyon ».
Réussir à allier deux de mes passions : la photographie et les fresques murales, c’est le défi que je me suis lancé et que je voudrais vous faire partager dans les articles que je vais publier dans le blog « Photo-Passions ».
Si je n’apprécie pas les graffitis, actes d’incivilités qui enlaidissent nos villes et détériorent le travail de bons artisans, j’admire les fresques murales, trompe-l’œil, murs peints (quelque soit le nom qu’on leur donne !).
C’est une découverte des murs peints lyonnais que je vous propose. Lyon est en effet une ville qui affiche un nombre impressionnant de fresques murales. La Ville Arlequin, ainsi nommée par Pierre Gras dans son ouvrage paru en 1989, comptait à cette époque, avec l’agglomération, 120 fresques, il y en a aujourd’hui 150 environ.
L’histoire des transports en commun, la ville idéale imaginée par l’architecte lyonnais Tony Garnier, l’hommage aux personnalités lyonnaises qui ont fait évoluer la médecine, les célébrités lyonnaises en 2 000 ans d’histoire figées sur les murs d’une seule maison, la bibliothèque des humanistes lyonnais, l’hommage aux canuts (travailleurs de la soie), l’hommage à Diego Rivera, célèbre muraliste mexicain …
Les murs peints à Lyon : les TCL
Sur 720 m², 7 tableaux réalisés par la Cité de la Création en 1989, ornent les murs du dépôt des Pins, (TCL, transports en commun lyonnais). avenue Lacassagne, dans le troisième arrondissement.
Astucieusement dessinés, ils retracent 100 ans d’histoire des transports en commun à Lyon. Les personnages (au nombre de 200) évoluent dans leur vie quotidienne en côtoyant les modes de transport de leur époque dans des décors spécifiquement lyonnais.
1ère période : le funiculaire
Le funiculaire de la Croix Rousse.
Le funiculaire de la Croix Rousse occupe le centre de ce tableau. On l’appelle communément appelé « La ficelle ». Sur la plateforme, des hommes et un cheval sont embarqués. Une affiche publicitaire sur le mur de droite montrent le tramway tiré par des chevaux. Une autre affiche présente le théâtre de Guignol. Sur la droite, on reconnait le quartier de Saint Georges, de l’autre côté de la Saône. Les deux hommes, à l’avant, lisent le Progrès (déjà), journal lyonnais.
On note le réalisme des personnages, à droite une diligence devant la Saône et en arrière plan, le quartier Saint Georges.
2ème période : le tramway de la place Bellecour
Le tramway de la place Bellecour
L’objet de ce tableau : le tramway à chevaux de la Place Bellecour se situe sur la droite. Il comporte une publicité : savon Bouton d’Or. Au centre apparaît le célèbre théâtre lyonnais de Guignol. Le décor de cette fresque est une belle perspective de la Place Bellecour, surmontée par la colline de Fourvière. La construction de la tour métallique date de 1894. La fin de la construction de la basilique date de 1897. On frise l’anachronisme avec le tramway hippomobile ! Sur la gauche, un pont enjambe le Rhône. Ici, apparaissent un véhicule automobile, deux cycles et plusieurs « aéronefs » dans le ciel.
Le théâtre de Guignol, surmonté par un aéronef présente une machine à vapeur. Le tramway à chevaux de la Place Bellecour.
3ème période : le tramway électrique
Le tramway électrique
Le tramway électrique occupe le centre de ce tableau, avec en évidence les rails et les caténaires, l’ensemble traverse la fresque de haut en bas. Un deuxième tramway, à étage celui-là occupe une grande place à droite. Le premier tramway électrique français fut mis en service à Clermont Ferrand en 1890. Très rapidement cette invention remplaça à Lyon les tramways hippomobiles. Pour en revenir à notre fresque, les inventions récentes à l’époque apparaissent : l’avion, l’automobile… le cinématographe (qui vit le jour à Lyon) fait sa « pub » sur le fronton du tramway central. Pour le décor, on reconnait la gare de Perrache en arrière plan. On note le petit clin d’œil à la boule lyonnaise, avec un groupe de joueurs sur la gauche.
Le tramway électrique surmonté par la publicité pour le cinématographe Lumière, les véhicules devant la Gare de Perrache. Tout évolue très vite à cette époque, pourtant les personnages semblent baigner dans la quiétude. Femmes qui conversent, hommes qui jouent aux boules …
4éme période : le premier autobus à pneus gonflables
Autobus à pneus gonflables
Un bel autobus rouge, à pneumatiques gonflables, trône fièrement au centre de cette fresque, flanqué d’un portique datant la scène en 1914, année de l’exposition universelle de Lyon. La halle « Tony Garnier », du nom de l’architecte en chef de l’exposition, garnit le fond de ce tableau. Sur la gauche un tramway, rouge, lui aussi, devant un bar-restaurant intitulé « Le Gerland ».
Dans ces détails, on revoit l’autobus et le portique annonçant l’exposition universelle de 1914. Les dames élégantes, autour de la charrette de mimosa semblent insouciantes, loin d’imaginer le cataclysme qui menace l’Europe.Les publicités (ici le chocolat Menier) ont toujours une place de choix dans ce parcours pédagogique.
5ème période : la seconde guerre mondiale.
Scène sous l’occupation devant l’Hôtel de Ville
Les transports en commun, dans cette fresque, sont représentés par des trolleybus sur la gauche et au fond de la place; par un autobus à gazogène à droite, (ce mode d’énergie sera fréquemment utilisé pendant la deuxième guerre mondiale pour palier à la pénurie de pétrole). Nous remarquons les automobiles : la célèbre traction avant sur la gauche et un véhicule allemand à droite. Nous sommes sur la place des Terreaux (fontaine Bartholdi et Hôtel de Ville). Mais ce qui marque le plus cette scène sont les personnages identifiables : Jean Moulin accompagné par deux hommes au centre et au premier plan; Jean Gabin appuyé contre le mur à gauche.
Les personnages connus de cette scène : Jean Moulin, accompagné par 2 hommes vraisemblablement des compagnons de résistance.
Quant à Jean Gabin, on pourrait l’entendre dire à sa compagne « T’as de beaux yeux, tu sais ! » >>>
6ème période : les années 60
La Duchère
Les transports en commun sont représentés par deux bus à moteur diésel, on distingue clairement le soufflet du bus de gauche (dispositif qui facilite la prise des virages pour un véhicule relativement long). Les années 60 voient l’essor des moyens de transports individuels ici 2 CV, 4 CV, cabriolet rose, scooter, mobylette et bicyclette. Cette fresque est riche en illustration de cette période: BD, cinéma, littérature, mode (j’y reviendrai dans les détails ci-dessous). L’époque est également marquée par le développement immobilier. Nous sommes ici dans le quartier de la Duchère, avec sa tour et ses immeubles gigantesques.
Le scooter et la robe dessinée par Yves Saint Laurent, d’inspiration Mondrian. A gauche la mobylette et un couple (on reconnait James Dean)
La mythique 2 CV et le cabriolet rose dans lequel le passager est Ricky, personnage des bandes dessinées de Margerin.
A droite, l’affiche présente Marylin Monroe dans le film « 7 ans de réflexion ». L’arrière du bus est illustré par la BD d’Hergé : « On a marché sur la Lune », tandis que Frédéric Dard, alias San Antonio traverse la rue, les mains derrière le dos.
7ème période : le métro
Le métro, la Part Dieu
Cette dernière fresque se veut résolument moderne. Je vous rappelle qu’elle a été dessinée en 1989, (il y a plus de 30 ans). Sur l’esplanade les bus se croisent, le métro circule en sous-sol, sur la gauche les voies du train figurent le TGV. Les formes géométriques marquent cette composition d’où sont exclus tous les modes de transports individuels. Nous sommes à La Part Dieu (la tour, le centre commercial, la gare). C’est le quartier moderne de Lyon de la fin du 20ème siècle. Si la longueur des murs du dépôt des Pins le permettait, une 8ème fresque pourrait présenter le tramway moderne dans le quartier à la mode : Confluence, avec le musée du même nom en arrière plan (et des vélos dans tous les sens!).
Comme nous le verrons dans des articles suivants, le réalisme des réalisations nous amène parfois à confondre les objets ou les personnages réels, avec ceux de la fresque. Sur cette dernière photo les caténaires qui se détachent sur le ciel font bien sûr partie de la vie réelle!
Vos commentaires après cette visite seront les bienvenus. Notre prochaine promenade se fera dans un autre quartier lyonnais (avenue des Etats Unis) à la découverte du Musée Urbain Tony Garnier.
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