Le pictorialisme

Le pictorialisme Robert Demanchy danseuse

Le pictorialisme est un mouvement photographique qui a débuté à la fin du XIXéme siècle et qui s’est prolongé jusque dans les années 1920. Cette période peut paraître courte, pourtant le pictorialisme a été influant dans l’histoire du médium. Il consiste à utiliser des techniques de prises de vue et de développement pour obtenir des tirages dont l’esthétique se rapproche de la peinture, de l’eau forte ou du dessin. Ce fut le premier mouvement photographique international

Dans cet article, nous verrons les origines du mouvement, les techniques employées, les artistes qui l’ont porté et l’héritage de cette esthétique dans l’histoire de la photographie.

Suivez nos publications en vous inscrivant à notre bulletin d’informations

Nous suivre sur les réseaux sociaux :

Le pictorialisme, les origines   

Dans nos articles sur les débuts de la photographie et sur les grands noms du médium au XIXème siècle nous voyons que beaucoup de ces précurseurs ont débuté leur carrière artistique par la peinture. La photographie n’est pas admise comme un art (Baudelaire et la photographie). Elle est considérée comme une reproduction fidèle de la réalité. C’est dans ce contexte que le pictorialisme apparait à la fin du XIXème siècle. La volonté des photographes pictorialistes n’est pas de remplacer la peinture mais de faire admettre la photographie comme un art à part entière.

Le pictorialisme Nature morte

Heinrich Kühn, nature morte

Le pictorialisme, les techniques

Les techniques du pictorialisme  étaient destinées à donner à chaque photo une touche unique. Les photographes pictorialistes transformaient les photos en images plus douces, plus expressives,  plus suggestives, accentuant ainsi leur caractère émotionnel. Il s’agissait de considérer la photographie comme un moyen d’expression artistique.

Pour atteindre ces résultats, les pictorialistes utilisaient de nombreux processus techniques et artistiques :

  • objectifs spéciaux pour créer une mise au point atténuée et floue,
  • filtres pour adoucir les contrastes,
  • effets de lumière et de contre-jour,
  • épreuves à la gomme bichromatée, au charbon ou à l’huile,
  • retouche manuelle des négatifs,
  • papiers texturés pour obtenir des effets de matière,
  • superposition des images.

Toutes ces techniques ont permis aux photographes pictorialistes de se libérer du carcan de la réalité pure pour donner à leurs photos une touche personnelle et émotionnelle.

Robert Demanchy La lutte - 1904

Robert Demanchy – La lutte – 1904

les grands noms du pictorialisme

En préambule au mouvement pictorialiste, l’anglais Richard Leach Maddox invente en 1871 un procédé dit «  à plaque sèche ». Il consiste à développer les images à partir d’une suspension de bromure d’argent dans de la gélatine. Cette pratique est à l’origine du courant pictorialiste qui l’a utilisée. En Angleterre Peter Henry Emerson était partisan de la Photographie pure (absence de retouche). Les français Robert Demanchy et Constant Puyo étaient plutôt des adeptes de la retouche des négatifs. Les retouches étaient sujettes à controverse : à force de manipulations, il devenait impossible de différencier la photographie de la peinture ou du dessin.

Si l’autrichien Heinrich Kühn est inspiré par les impressionnistes Monet et Renoir, l’italien Guido Rey est plus influencé par l’œuvre de Vermeer pour ses compositions, Demanchy quant à lui va réaliser une série de danseuses dans l’esprit de Degas. En Europe, c’est la Belgique qui perpétuera le plus longtemps le mouvement pictorialiste, jusque dans les années 1940. J’évoquerai en particulier Leonard Misonne qui a photographié des scènes de rue à Bruxelles et à Londres.

Le pictorialisme Léonard Misonne

Léonard Misonne – Scène de rue

Le pictorialisme outre atlantique

Photo secession

Le pictorialisme né en Europe à la fin du XIXème siècle va traverser l’Atlantique. Le nom d’Alfred Stieglitz reste attaché au mouvement, Edward Steichen fut célèbre pour ses portraits notamment celui de son épouse « La Goulue », Clarence H. White était connu pour ses photographies de nus et de scènes rurales, qui se caractérisent par leur douceur et leur atmosphère intime. Gertrude Käsebier, quant à elle, a tiré avec beaucoup de succès des portraits des américains natifs. Je finirai avec Alvin Langdon Coburn qui a fait la traversée inverse, né aux États-Unis, il  a migré en Grande Bretagne. Il a réalisé des portraits de personnages célèbres tels que George Bernard Shaw puis des photos abstraites qu’il nomme « vortographes »

En 1902 naît à New-York le groupe Photo-secession sous l’impulsion d’Alfred Stieglitz. Ce groupe s’affranchira du pictorialisme original : rejet de l’altération optique et préférence des prises de vue urbaines et industrielles.

L’héritage du pictorialisme

Comme nous venons de le voir, le pictorialisme a introduit des techniques novatrices : utilisation du flou artistique, manipulation des négatifs, tirage sur des papiers texturés… Les photographes se sont affranchis des contraintes techniques pour créer des œuvres plus subjectives et romantiques. Ils ont contribué à faire admettre la photographie comme expression artistique.

Puis, après la vague pictorialiste, le reflux a créé d’autres mouvements. Photo secession, sous l’impulsion d’Alfred Stieglitz et de Fred Holand Day conserve le côté création artistique de la photographie pictorialiste. Mais il fait sécession avec la Royal Photographic Society et son mouvement Linked Ring.

Ensuite, des photographes californiens créent le groupe f/64. Ansel Adams et Edward Weston en sont les précurseurs. Ils sont adeptes de la straight photography  (photographie directe ou photographie pure). Le mouvement rejette toute idée de flou et d’altération optique. 

Le pictorialisme, les grands noms

Edouard Steichen – Mode art déco

Livre : le pictoralisme en France

Le pictorialisme en France

Avant de conclure, je voudrais vous parler de cet ouvrage qui comporte des illustrations de qualité et qui présente de nombreux photographes pictorialistes français. Michel Poivert est l’auteur de ce livre. René le Bégeu en a écrit l’introduction et Bernard Marbot l’a préfacé. Les textes sont en français. L’ouvrage est paru en 1992 aux éditions Hoëbeke. Ses dimensions sont 25 x 31 cm, il comporte 108 pages.

En cliquant sur l’image, vous pouvez aller sur le lien commercial.

Conclusion

Je conclurai cet article en rapprochant la photographie pictorialiste et la photographique numérique contemporaine.

Choisissons une faible ouverture pour obtenir un flou d’arrière plan. Préférons une faible vitesse pour avoir un flou de mouvement. Photographions en format RAW pour ajuster en post-traitement la balance des blancs, la vibrance, la saturation ou la luminosité.  Enfin, modifions nos images pour leur donner l’aspect que nous souhaitons.

Comme à l’époque du pictorialisme, il y aura les critiques qui expliqueront que la retouche d’images, ce n’est pas bien! En conclusion, une fois de plus, je dirai que la bonne photographie est celle que vous voulez faire.

Léonard Misonne

Léonard Misonne

Dans les cadres suivants, vous pouvez laisser un commentaire, consulter nos publications dans les réseaux sociaux, vous abonner à notre bulletin d’informations. Les boutons carrés, au bas de l’écran sont à votre disposition pour partager cet article dans vos réseaux sociaux.

Published by

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *